Comment choisir et comprendre sa hache
Un article pour apprendre à reconnaître la forme et les points forts d'une hache pour son usage.
Thibaud Morthelier
11/5/202321 min read
Attention, ce qui suit dans cet article provient de mon expérience et de mes recherches personnelles, ce n'est pas une vérité universelle à toutes les personnes qui utilisent des haches. Aussi, mon usage de la hache est un usage paysan et non professionnel, je ne suis pas charpentier, ni artisan, ni élagueur. J'utilise la hache pour faire la totalité de mon bois de chauffage, de l'abattage à la fente en passant par le débit des bûches en longueur. Pour faire de petites constructions, des abris, des bancs, pour dégager une route bloquée par un arbre tombé, pour défricher, entretenir des haies, faire des trognes, recéper des noisetiers et châtaigniers, faire de petits équarrissages de poutres...
La Hache
Outil essentiel depuis des millénaires à l’humanité, pour transformer le bois en habitats, en objets ou encore en combustible pour se réchauffer et se nourrir.
La hache permet de couper en lançant l’outil sur le bois. C’est donc un outil lancé, contrairement à une scie qui est un outil posé. Les outils lancés sont plus difficiles à manier mais sont souvent plus simples (dans leur mode de production et d’entretien) et plus polyvalents.
Petite parenthèse : c’est pour cela que les outils proposés sur la boutique sont quasiment tous des outils « lancés ». Mais une autre raison encore plus importante à mes yeux est que ce sont des outils qui travaillent avec notre propre énergie et la gravité. Avec le temps, on apprend à utiliser la gravité pour réduire l’effort et trouver un véritable plaisir à adopter le geste juste, précis.
La hache permet d’abattre un arbre, quelque soit sa taille, de l’ébrancher, de le peler, de le transformer en poutre ou de le débiter en sections. Elle peut fendre le bois ou encore le sculpter. On peut faire l’ébauche d’une pièce de charpente, ou celle d’une cuillère avec une hache. Une scie n’est pas capable d’atteindre cette polyvalence, et est souvent limitée par sa forme et celle de ses dents, à des tâches très précises.
Au fil de l’évolution de l’humanité et des outils, les haches ont pris différentes formes, différents poids. On trouve des haches « paysannes » et des haches de « métiers » (charpenterie, tonnellerie, saboterie, menuiserie…). Au départ, leurs formes ont évolué par la collaboration entre les forges et les paysans ainsi que les artisans à un niveau très régional.
Avec le temps, les théories économiques imposent petit à petit un rendement plus important au travail, afin de le rendre rentable et compétitif. On spécialise alors les outils, afin de les rendre plus efficaces. Petit à petit, on voit apparaître des haches d’abattage, des haches à fendre, des haches à ébrancher, des haches à bûcher, à blanchir… On gagne alors en efficacité sur des tâches spécifiques mais on perd la polyvalence de la hache « paysanne ».
Un exemple très intéressant est l’évolution des formes de haches outre-Atlantique, au Canada et aux États-Unis. Au 16ème siècle jusqu’au 18ème, ce sont principalement des haches importées d’Europe et notamment de France qui équipent les colonies américaines. Ce sont les fameuses « Trade Axe » ou « Hache de traite ». L’une, appelée « French Trade Axe » sera plébiscitée par les amérindiens et deviendra le « Tomahawk », tandis qu’une autre forme, appelée « Biscayne », forgée aux Pays-Basques français, donnera naissance à la hache américaine moderne.


Image 1 : "French Trade Axe" datée de 1650


Image 2 : Hache Prandi, forgée en 2023
Les haches en provenance de France, Italie, Espagne et Portugal sont particulièrement pratiques à l’usage des pionniers, évoluant avec peu de moyens et souvent de manière très isolée.
Pour faciliter la suite de la lecture, appelons les haches traditionnelles de France, d’Italie, d’Espagne et du Portugal, haches « latines ».
Une histoire de manche
Pour nos pionniers, ces haches remplissent leur fonction et ont l’avantage d’être très polyvalentes mais surtout résilientes : Un outil est fonctionnel grâce à son manche, et le manche des haches latines peut être remplacé très facilement par une branche de bois de feuillu, qu’elle soit encore verte ou sèche. Cela est possible parce que l’œil des haches latines est conique, et permet donc de coincer le manche par simple friction. On peut donc façonner la branche à la taille et forme de son choix, puis l’enfiler par le haut de la hache jusqu’à la coincer en frappant son extrémité haute dans l’œil de la hache. Cette méthode d’emmanchement permet non seulement de remplacer facilement le manche, mais elle permet aussi d’avoir plusieurs manches pour une même hache : par exemple un court pour du travail de précision sur billot, et un long pour le travail en forêt.


Image 3 : Hache Biscayenne datée de 1580


Image 4 : Hache "Biscayne" produite en 2023
Les haches que nous appellerons « germaniques » (au sens des pays dont la langue est de racine germanique : Allemagne, Grande-Bretagne, pays Scandinaves), sont emmanchées d’une toute autre façon. Contrairement aux haches latines, le manche y est inséré par le bas de l’œil puis fixé par un coin inséré par le haut de l’œil. Cette méthode d’emmanchement permet d’avoir beaucoup plus de libertés sur la confection du manche, car sur une hache latine, la forme du manche est limitée en épaisseur par les dimensions de l’œil de la hache, on doit respecter celles-ci pour pouvoir enfiler le manche dans toute sa longueur.
Ainsi, l’emmanchement germanique permet de confectionner un pommeau, des formes très galbées, théoriquement plus efficaces et confortables. (J’écris « théoriquement » car cela dépend des expériences de chacun(e))
Aussi, l’emmanchement germanique est théoriquement plus solide et résistant dans le temps. Ce n’est pas mon expérience personnelle, mais je n’ai peut-être tout simplement pas eu de chance avec les manches de mes premières haches scandinaves dont les manches se sont tous cassés.
Il y a deux inconvénients à ce type d’emmanchement :
Le manche ne peut-être interverti avec un autre, le manche monté est fixe et ne peut pas être enlevé sans avoir à le détruire.
La forme de l’œil est beaucoup plus longue et étroite que sur les haches latines, ce qui ne permet pas de remplacer le manche avec une branche. Il faut donc avoir accès à du bois de quartier dont on a enlevé le cœur, et qui soit parfaitement sec. Cela implique de stocker du bois à l’avance à partir de troncs sans nœuds là où un manche latin peut être fait dans une branche de bois vert.
Pour les débutant(e)s :
le bois vert est un bois encore frais et gorgé de sève. Il est facile à travailler, mais avec le temps il se rétractera en épaisseur. Ce point est important, car si nous utilisions du bois vert pour faire un manche de hache germanique, celui-ci tomberait de la hache au bout de quelques jours/semaines après s’être rétracté. Sur une hache latine, le manche se serait mis à gigoter dans l’œil de la hache, ce qui lui aurait valu d’être simplement frappé en force pour reprendre place dans l’œil de la hache.
Le bois de quartier est un morceau qui a été obtenu par la fente d'un tronc


Pour en savoir plus sur l'emmanchement des haches latines, regardez cette vidéo :
Animation 1 : le principe d'emmanchement des haches latines. L'oeil conique permet de frapper le manche qui tient ensuite par simple friction.
Revenons-en à nos américains. Avant l’indépendance, on commence à voir apparaître des copies de la « French Trade Axe », commandées par la Hudson Bay Company pour équiper les trappeurs et les échanger avec les amérindiens qui avaient une préférence pour cette forme de hache. Après l’indépendance des États-Unis, les haches latines avaient quasiment disparues de la circulation, pour laisser place à des formes forgées sur place, plus économiques que les haches importées.
Mais c’est avec l’industrialisation américaine que l’on voit apparaître la forme de hache américaine, qui est un mélange des formes apportées par les colons, et une innovation : le chignon, surplus d’acier laissé sur la nuque de la hache pour lui donner un équilibre spécial.
Il est temps d’insérer un petit schéma pour que nous nous mettions d’accord sur la nomenclature :


Animation 2 : le principe d'emmanchement des haches germaniques.


Pour faire un gros raccourci, la hache américaine est une Biscayne emmanchée par un Allemand et forgée dans un bloc d’acier par un marteau pilon américain. La hache U.S. est un produit de la révolution industrielle, qui permit de rendre plus accessible l’acier et les machines et de modifier les techniques de forge : alors que les haches du vieux continent étaient forgées dans un fer plié pour former l’œil puis soudé à chaud avec une pièce d’acier pour le tranchant, les haches U.S. étaient forgées dans un seul bloc d’acier, percées à chaud, permettant de dégager leur fameux « chignon » ou « poll » en anglais.
Ce chignon a pour objectif d’équilibrer le poids de la hache de part et d’autre de l’axe du manche. De cette manière, quand on tient la hache à l’horizontale comme pour mettre un coup perpendiculaire au tronc, la hache américaine reste quasiment en place, tandis qu’une hache latine plongerait pour aller frapper le pied de l’arbre, trajectoire à laquelle elle est originellement destinée.


La hache américaine, bien que moins polyvalente, est donc plus confortable et plus efficace que les traditionnelles haches latines… à condition qu’elle soit utilisée à l’américaine ! En effet, les Américains ont tellement d’espace et de ressources sur leur territoire qu’ils prirent la mauvaise habitude de faire leur entaille d’abattage au niveau de la braguette. Cela a pour avantage de ne pas plier le bûcheron, mais aussi l’inconvénient de gaspiller du bois, ce qui aurait été fort mal vu par les bûcherons et paysans du vieux continent.


Image 5 : Le youtubeur Américain Wranglerstar abat un résineux (pour rappel les résineux ne se trognent pas). (https://www.youtube.com/watch?v=k6nUVKGUo3w).
Au moment du boom industriel américain, de l’autre côté de l’Atlantique la forêt primaire n’existe plus depuis des siècles et les futaies sont réservées à l’État et aux grands propriétaires (bourgeois) dont l’exploitation est faite par des journaliers tantôt bûcherons tantôt laboureurs, faucheurs, moissonneurs. Les arbres y sont abattus à raz le sol avec des haches appelées cognées, elles aussi étant une évolution liée à l’industrialisation et la recherche de rentabilité. Ces cognées sont très longues, lourdes, avec un tranchant étroit et permettent de travailler d’abord à la verticale pour égobeler le bas du tronc, puis de creuser le bois de part et d’autre jusqu’à faire tomber l’arbre. Par la suite, ces cognées seront utilisées en complément de la scie passe-partout, jugée encore plus rentable pour l’abattage par les exploitants, bien que plus fatigante pour les exploités.


Image 6 : deux bûcherons belges abattent un chêne à la cognée après l’avoir égobelé en 1927.
Et pendant ce temps, dans les petites fermes, les haches traditionnelles subsistent. Elles sont tantôt utilisées pour l’abattage de résineux destinés au sciage de long, tantôt quelques baliveaux ensuite équarris sur place pour servir de poutre. Elles servent à récolter les perches dans les taillis, dans les trognes, à débiter et fendre le bois de chauffage, dégrossir la confection d’objets du quotidien… C’est cet usage paysan qui nous permet encore aujourd’hui de trouver des fabricants tels que Rinaldi qui forgent toujours ces modèles ancestraux.
C’est pour cet amour des outils ancestraux, bases de la subsistance paysanne, que la Frontière existe. Si nous ne promouvons plus l’usage de ces outils, ils ne seront plus forgés et disparaîtront, tout comme disparaîtra l’espoir de milliers de personnes de retrouver l’usage de leur propre énergie et un mode de vie plus simple et plus résilient.


Présentation des modèles proposés par la boutique
Pourquoi tant de modèles proposés ? D’une part dans un soucis de conservation, de manière à montrer aux fabricants qu’ils doivent continuer à produire des haches non standardisées, mais surtout pour proposer une diversité de choix, afin que chacun et chacune puisse trouver la hache qui leur correspond.
Les haches que nous proposons ont toutes une géométrie très différente l’une de l’autre, ce qui donne à chacune des points forts. Cela nous permet d’apprécier l’outil paysan, dont la diversité fait rougir l’étal des grandes surfaces de bricolage, mais surtout de comprendre qu’il n’y a pas d’outil meilleur que l’autre, et qu’affirmer qu’un modèle surpasserait tous les autres serait un mensonge.
Pour choisir une hache, il nous faut donc d’abord définir notre usage. Est-ce que nous allons l’employer dans une futaie à abattre et ébrancher de gros arbres ? Plutôt entretenir un taillis ou des trognes ? Un peu de tout ? Surtout faire de l’équarrissage, ou plutôt du bois de chauffage ? Allons-nous majoritairement travailler du bois sec ou du bois vert ?
Cela fait beaucoup de questions. Et si nous apprenions plutôt à distinguer les points forts de la géométrie d’une hache ?
Il y a (selon moi) 8 variables clés dans la géométrie d’une hache :
La longueur de son collet
La largeur de son tranchant
La forme plus ou moins arrondie de son tranchant
L’angle de son tranchant par rapport au manche
L’épaisseur de sa lame
La hauteur de son nez
Son poids
La longueur de son collet
Plus le collet est long, plus l’effet de levier de la lame est important (levier sur le manche lorsque la hache est dans le vide, et sur les fibres lorsqu’elle frappe dans le bois). Plus le collet est long, plus il est pratique de creuser une entaille ou d’équarrir une grosse section. Un collet court augmente les capacités d’éclatement des fibres grâce à une distance raccourcie entre le tranchant et les épaules de la hache = moins de distance à parcourir pour arriver à l’épaisseur maximale de la hache. Un collet plus court facilite la précision de trajectoire de la hache lorsqu’elle est lancée sur un plan horizontal.


La largeur de son tranchant
Plus le tranchant est large, plus il emporte de matière. Très pratique pour l’ébranchage et l’équarrissage. Plus il est étroit, plus il est pénétrant car l’énergie est concentrée sur une plus petite surface. Plus le tranchant est large, plus il est encombrant, ça peut être gênant dans un taillis dense par exemple. Plus le tranchant est étroit, plus la précision joue sur l’efficacité de la hache.


La forme plus ou moins arrondie de son tranchant
Plus l’arrondi est marqué, plus l’effet de cisaillement des fibres est important. En équarrissage, un tranchant très arrondi formera des cupules, légers creux très esthétiques. Un tranchant arrondi augmente la capacité de pénétration d’un tranchant large. Un tranchant totalement droit aura une meilleure pénétration dans les petites sections, notamment lors du débit au sol car la surface droite qui impacte le bois à moins tendance à vouloir le faire rouler. Un tranchant totalement droit est à plébisciter pour l’élagage car celui-ci permet de faire des entailles de profondeur homogène. Dans la même logique, un tranchant plutôt droit facilite le creusage des entailles dans une pièce à équarrir car il respecte plus aisément le trait du cordeau.


L’angle de son tranchant par rapport au manche
Un tranchant « classique » plutôt parallèle au manche (majorité des haches) sera plébiscité pour les abattages en futaie, plus sécurisant car il permet de se placer à l’écart du tronc. Plus agréable aussi lors de l’ébranchage et pour blanchir (finition) lors de l’équarrissage d’une poutre. Un tranchant plutôt « fermé » par rapport au manche, sera préféré lorsqu’on réalise des entailles dans une pièce allongée au sol (ou légèrement surélevée, dans le cas de l’équarrissage), le tranchant arrivant davantage d’aplomb par rapport à la pièce. Certaines personnes l’apprécient aussi pour tailler des assemblages à la hache, travailler sur billot. Un tranchant fermé est plébiscité dans les taillis, les trognes et l’élagage en général. Dans un taillis, il permet de se placer plus près de la cépée pour l’abattage (préférable dans un milieu dense où le geste peut être gêné par l’environnement proche). Même principe dans les trognes et l’élagage. Un tranchant fermé est très efficace sur des tâches spécifiques mais reste moins polyvalent qu’un tranchant plutôt parallèle.


L’épaisseur de sa lame
Une lame fine aura une meilleure capacité de pénétration par rapport à une lame épaisse, surtout dans un bois sec et dur. Une lame plus épaisse aura une meilleure capacité d’écartement des fibres, ce qui la rendra meilleure pour fendre et plus confortable dans certains cas : par exemple dans le débit au sol de bois vert, une hache trapue demandera moins d’énergie pour être retirée de son entaille.
En comparaison, une hache fine peut dans certains cas sembler « collée » dans son entaille, notamment lors du débit au sol et que l’on frappe fort. A l’abattage, cela est moins remarquable puisque l’énergie investie à retirer la hache de son entaille n’est pas dépensée dans le mouvement du tronc, qui reste bien ancré. Cela est valable aussi lorsqu’on débite une grosse pièce au sol qui a une importante inertie, où dans le cadre de l’équarrissage lorsque la pièce est fixée par des clameaux.


La hauteur de son nez
Une hache avec un nez haut permet d’avoir un tranchant plus évasé, très confortable à l’abattage et l’ébranchage car il évite de piquer le nez dans l’entaille, idem lors de la pratique des entailles d’équarrissage. Il est en revanche encombrant lors du débit au sol, où il risque de s’user prématurément sans un effort d’adaptation de la personne qui l’utilise. Un nez droit est un peu plus polyvalent pour cette raison, tandis qu’un nez relevé l’est encore plus à condition de bien travailler sa précision. Certaines haches sont dites « bossues » car leur nez est bas, elles sont idéales pour le travail à raz le sol, que ce soit pour le débit ou pour la finition des souches dans un taillis.


Le bon poids d'une hache
C’est une variable qui prend la priorité sur toutes les autres. Note importante : on peut tout faire avec une hache, qu’elle soit lourde ou légère. Le tout est que le poids soit adapté à votre physique. Une hache légère (900g et moins) sera appréciée pour les petits travaux forestiers, l’élagage, l’entretien des trognes, mais aussi par les débutant(e)s au physique modeste pour tous les autres travaux.
Une hache moyenne (1000g-1300g) sera appréciée par les débutant(e)s pour tout types de travaux. Une hache lourde (1500g et plus) sera appréciée par les expérimenté(e)s qui ont acquis un sens de l’économie de l’effort et la précision du geste.
Notons enfin que pour le même poids, une hache latine aura toujours des mensurations plus grandes qu’une hache américaine dotée d’un chignon. Dans la même logique, une hache barbue sera toujours plus légère qu’une hache sans barbe avec la même longueur de collet et largeur de tranchant.
Il existe une 8ème variable, moins logique que les autres mais aussi importante : l’attirance pour l’esthétique d’une hache. Si votre cœur chavire entre 2 modèles, choisissez celui qui vous plait le plus. Un outil avec lequel on a envie de travailler parce qu’on le trouve beau est un outil que l’on prendra plus soin à aiguiser, à emmancher et à manier.








Pour synthétiser ces quelques apprentissages, voici un tableau comparatif des principales haches de la boutique. Je précise que les étoiles du tableau correspondent au talent naturel que peut avoir telle ou telle forme de hache. Si on prend l’exemple d’une hache ayant une seule étoile dans une catégorie – la forme Trento et le débit au sol – cela ne veut pas dire qu’elle est mauvaise pour le faire, mais elle ne sera pas forcément pratique et demandera une adaptation de la part de la personne qui l’utilise pour mener cette tâche avec efficacité. J’utilise personnellement de manière compulsive une forme Trade Axe, avec le temps j’ai développé une relation avec cette forme de hache qui me permet d’être très efficace avec celle-ci même à l’ébranchage, parce qu’elle m’a appris à être plus précis.
La forme Trade Axe par Prandi
Collet long, tranchant étroit plutôt droit, lame fine en forme de coin allongé, nez droit, 1200 ou 1500g. Tranchant étroit et lame plutôt fine : nous avons affaire à une hache avec une très bonne capacité de pénétration qui fera travailler la précision à la personne qui l’utilise. Le nez droit en fait une hache très appréciable pour le travail au sol. Forgée en acier C45 facile à limer et à réparer. Lire sa fiche complète


La forme Trade Axe par Rinaldi, la "America"
Plus fine que la Trade Axe et avec un tranchant un peu plus large et arrondi, disponible en 1100 et 1500g. Forgée dans l’acier supérieur Rinaldi, très bonne tenue du tranchant (on aiguise moins souvent), difficile à limer à préférez les limes plates d’aiguisage fines qui ont un bon mordant. Lire sa fiche complète


La forme Trento
par Rinaldi ou Prandi
Collet long, forme évasée, tranchant large très arrondi, lame fine en forme de coin allongé, nez haut, 700, 900, 1300 ou 1500g. Bien que son tranchant soit très large, celui-ci possède une très bonne capacité de pénétration grâce à sa finesse et son arrondi qui provoque le cisaillement des fibres. La forme de son nez et de son talon en fait une excellente hachette de sculpture en 700 et 900g. Très bonne abatteuse et ébrancheuse, elle est cependant moins bonne pour fendre et travailler au sol. Une forme aussi appréciée pour l’équarrissage. Lire sa fiche complète


La forme Française
par Rinaldi
Collet long, tranchant ni étroit ni large, plutôt arrondi, lame très fine en forme de coin allongé, nez relevé, 1100 ou 1500g. C’est l’entre-deux de la Trade Axe et de la Trento, très polyvalente, attention à son nez lors du travail au sol. Lire sa fiche complète


La forme Cadore étroite
par Rinaldi
Collet mi-long, tranchant plutôt étroit et arrondi, plus épaisse que les autres Rinaldi. Nez relevé, 1300g. Une très bonne capacité de pénétration et de fente, elle ressemble à une hache U.S. plus longue et sans chignon. L’œil épais offre une grande liberté au niveau de la forme du manche si on décide de le faire soi-même. Lire sa fiche complète
La forme Cadore Large
par Rinaldi
Collet mi-long, forme évasée, tranchant large très arrondi, lame en forme de coin allongé. Nez haut, 1500g. Cette forme est une sorte de Trento trapue, avec de bonnes capacités de fente et une excellente pénétration grâce à l’effet de cisaillement de son arrondi très marqué. Excellente pour l’abattage et l’ébranchage lourd. Très appréciée par les charpentier(e)s par sa polyvalence, elle permet aussi bien de faire les entailles que de faire sauter les clapes et la finition. Donne un état de surface très caractéristique en forme de creux parfois nommés « cupules ». Lire sa fiche complète


La forme Calabria
Collet plutôt court pour une latine, tranchant ni large ni étroit, droit, lame en forme de coin plutôt épaisse pour son poids. Nez droit, angle fermé, 250 ou 750g. En 250g, jolie première petite hache pour des enfants accompagnés par des adultes, mais aussi très bonne hache légère pour confectionner des allumettes pour le feu ou sculpter avec précision. En 750g, c’est une forme redoutablement efficace pour son poids, idéale pour recéper des noisetiers, travailler sur des trognes ou taillis avec des tiges de moins de 15cm de diamètre. Son tranchant droit et son manche à faces plates en font aussi une excellente hache d’élagage (le manche à faces plates peut surprendre, mais est diablement efficace pour augmenter la précision de frappe). Autre particularité : son tranchant à angle fermé et son nez droit la rendent aussi bonne à travailler au sol qu’en hauteur, le tranchant frappant plus facilement d’aplomb dans l’entaille. Lire sa fiche complète


La forme Calabria améliorée
Collet plutôt court pour une latine, tranchant ni large ni étroit, légèrement arrondi, lame en forme de coin plutôt épaisse pour son poids. Nez droit, angle fermé, 1300g. Ce modèle est une commande sur mesure de la boutique pour obtenir une hache ayant toutes les qualités de la forme Calabria avec un poids idéal pour toutes sortes de tâches, un tranchant plus arrondi pour s’attaquer à de plus grosses sections et un œil modifié pour recevoir des manches plus arrondis que le traditionnel manche fin à faces plates du modèle Calabria. Lire sa fiche complète


La forme Bossue
par Rinaldi
Collet long, tranchant étroit plutôt arrondi, lame fine en forme de coin allongé, nez pointé vers le bas, 1500g, angle fermé. Un modèle rare ressuscité grâce à la confiance d’Enrico Rinaldi, idéal pour le travail à raz le sol lors de l’abattage et du débit. Redoutable dans un taillis, notamment pour faire la finition des souches, l’angle de son tranchant permettant de les tailler près du sol sans se casser le dos. Lire sa fiche complète


La forme Balkan
par Prandi
Collet court, tranchant large plutôt droit, lame en forme de coin plutôt épaisse pour son poids, nez plutôt droit, 700 ou 1000g. Un modèle difficile à obtenir, barbu, présentant l'avantage d'avoir un grand tranchant pour un poids léger. Excellente petite hache à tout faire, très maniable et polyvalente. Lire sa fiche complète


La forme Biscayne
Collet court, tranchant plutôt arrondi, lame trapue convexe, nez droit, 1000-1500g. Impressionnante dans le bois vert, excellentes capacités de fente et très maniable grâce à son poids concentré autour de l'axe du manche. Lire sa fiche complète


Un point sur l’aiguisage : le classement des haches du tableau est basé sur leur efficacité après avoir été améliorées, non pas avec leur aiguisage sorti d’usine. Je vous recommande de choisir les améliorations d’aiguisage de la boutique ou de le faire vous-même à la lime si l’acier de la hache le permet (voir tableau). Vous pouvez regarder mon tuto vidéo pour comprendre comment le faire vous-même : https://www.youtube.com/watch?v=THAct0yb5fE
L’option d’aiguisage de la boutique « qualité supérieure » est basé sur le même principe mais est réalisé avec des machines capables de travailler n’importe quel acier et d’obtenir une finition plus esthétique. En revanche, le résultat en termes de performance n’est pas meilleur mais égal au travail à la lime.
La boutique propose aussi une autre option « qualité spéciale » sur certaines haches, où l’on applique les modifications de la qualité supérieure en y ajoutant la création de biseaux fantômes.






Hache "Trade Axe" qualité spéciale, avec patine forcée
Hache "Trade Axe" qualité sortie d'usine
Ces biseaux fantômes enlèvent progressivement de la matière sur les flancs de la lame de manière à concentrer l’épaisseur au centre de la lame. C’est une modification que l’on retrouve sur les haches de compétition et d’origine sur les anciennes haches américaines. Sur les haches épaisses comme la Biscayne, cela augmente sa capacité de pénétration, tandis que pour les haches plus fines comme la Trade Axe, cela réduit sa friction et sa tendance à coller lorsqu’on la plante profondément
En espérant que cet article ai pu vous aider à faire votre choix ou simplement apprendre quelque chose, n’hésitez pas à nous écrire si vous avez des questions et nous aider à améliorer cet article.
Aucune IA n’est intervenue dans la réalisation de ce texte ;)
Thibaud Morthelier
